Migration
Fuir la pauvreté, les conflits ou la violence, le regroupement familial, la traite des êtres humains et l’impact du changement climatique sont quelques-unes des raisons pour lesquelles les enfants et les jeunes franchissent les frontières internationales. Il·elle·s le font souvent dans le cadre de mouvements irréguliers. Au cours de ces longs voyages, que beaucoup considèrent comme un « risque nécessaire », il·elle·s peuvent être confronté·e·s à des dangers et à des privations qui mettent leur vie en danger, notamment les intempéries, l’absence de domicile, le manque d’accès aux services de base, la violence, l’exploitation, les abus, les blessures et même la mort.
Offrir des possibilités d’apprentissage reste essentiel pour garantir le droit universel des enfants et des jeunes à l’éducation, les protéger dans les moments difficiles et les mettre sur la voie de la réalisation de leurs aspirations à long terme. Des environnements et des possibilités d’apprentissage favorables peuvent apporter réconfort et espoir pendant et après des périples difficiles et souvent très longs. Quel que soit le cas, quelle que soit la politique, il faut répondre aux besoins de ces enfants et de ces jeunes afin qu’il·elle·s puissent se construire un avenir sur leur lieu de destination.
Ce que nous savons :
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Lorsque les enfants et les jeunes migrant·e·s ont la possibilité d’apprendre, ils font un pas de plus vers la réalisation de leur droit à l’éducation.
Les obstacles juridiques, administratifs, linguistiques et culturels auxquels se heurtent les enfants et les jeunes migrant·e·s persistent dans le monde entier, tout comme l’écart entre le niveau d’instruction des migrant·e·s et celui des autochtones. Malgré cela, une fois qu’il·elle·s ont accès à une éducation de qualité, le niveau d’instruction et l’apprentissage des migrant·e·s tend à s’améliorer plus rapidement que celui des personnes laissées pour compte.
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Les jeunes migrant·e·s qui acquièrent des compétences fondamentales en matière de lecture, d’écriture et de calcul et des compétences transférables ont de meilleures chances de trouver un emploi.
Une éducation de qualité et une meilleure adéquation entre le contenu des programmes et les exigences du marché du travail aident les jeunes migrant·e·s à mieux se préparer au monde du travail. Par exemple, pour les réfugié·e·s en Allemagne, les compétences linguistiques (parler, lire et écrire) sont associées à une probabilité d’emploi supérieure de 19 points de pourcentage, tandis que le programme ougandais « Skills for Life » est un programme d’apprentissage par l’apprentissage qui vise à améliorer les compétences de base des jeunes étudiant·e·s en matière de calcul et de lecture pour faciliter leur transition de l’école vers le monde du travail.
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L’éducation des enfants et des jeunes migrant·e·s a le potentiel de produire un dividende démographique dans les pays fragiles et à faible revenu.
Offrir des possibilités d’apprentissage et promouvoir le développement des compétences pour l’emploi et l’entrepreneuriat chez les enfants et les jeunes migrant·e·s peut conduire à davantage d’opportunités économiques dans les contextes fragiles où la population est jeune, ainsi que dans les économies avancées où la population vieillit. D’ici 2050, 40 % de la population âgée de moins de 18 ans sera concentrée dans les pays africains vulnérables à la fragilité, aux conflits et au changement climatique.
Actions urgentes
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Encourager l’éducation innovante pour les enfants et les jeunes en déplacement
Il est urgent de consacrer davantage de fonds à l’éducation des enfants et des jeunes migrant·e·s. Mais il faut aussi davantage d’innovation et de collaboration pour offrir des possibilités d’apprentissage flexibles et diversifiées aux enfants et aux jeunes, tant pendant leur déplacement qu’une fois arrivés à destination. Les programmes qui réussissent utilisent une combinaison de solutions d’apprentissage physiques, virtuelles et assistées par la technologie pour atteindre les enfants et les jeunes les plus marginalisés qui se déplacent.
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Atteindre les enfants et les jeunes migrant·e·s avec et par l’éducation pour libérer leur potentiel
Cela nécessite d’investir dans une meilleure compréhension (données et preuves) et d’adapter les systèmes éducatifs pour répondre aux besoins des enfants et des jeunes migrant·e·s. Les possibilités d’apprentissage accéléré, le soutien linguistique, le recrutement d’enseignant·e·s issu·e·s des populations migrantes, la formation des enseignant·e·s à des programmes tenant compte de la diversité, du genre, du handicap et des traumatismes liés à la migration sont des éléments importants à prendre en compte pour identifier les meilleures pratiques.
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Investir dans des environnements d’apprentissage qui intègrent le genre et le handicap et favorisent la cohésion sociale
Pour remédier à la surpopulation, il faut construire, agrandir ou adapter les espaces actuels, en gardant à l’esprit les besoins différenciés des apprenants handicapés, des filles et des autres minorités. L’inclusion d’installations WASH sensibles au genre et la prise en compte des besoins des filles en matière de santé menstruelle sont essentielles pour maintenir les filles migrantes dans les écoles. En outre, les écoles doivent s’efforcer d’améliorer l’environnement scolaire général, de favoriser la participation des enfants et des jeunes migrant·e·s et des personnes locales, et de lutter contre la violence sexiste, les brimades, la xénophobie et la stigmatisation.
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Renforcer la perspective de l’employabilité dans les programmes éducatifs destinés aux jeunes migrant·e·s
Donner la priorité à l’acquisition de compétences fondamentales en lecture, en écriture et en calcul, ainsi que de compétences transférables. Investir dans le soutien de la transition de l’école au travail et encourager les groupes professionnels dirigés par des étudiants qui favorisent l’apprentissage entre pairs et le leadership chez les jeunes.
Les faits
Malgré l’augmentation des chiffres enregistrés, des millions d’enfants et de jeunes migrant·e·s demeurent invisibles
Malgré l’augmentation des chiffres enregistrés, des millions d’enfants et de jeunes migrant·e·s demeurent invisibles
- Sur les 281 millions de personnes déclarées migrantes, 36 millions sont des enfants qui quittent leur pays d’origine. Il.elle.s décident de partir pour diverses raisons, qu’il s’agisse de perspectives d’éducation et d’emploi, de rejoindre des proches ou d’assurer leur propre sécurité..22
- Les principaux facteurs de migration sont les conflits et la violence, le changement climatique et les catastrophes environnementales, les inégalités croissantes, l’urbanisation et l’attrait de meilleurs services.23
- Les enfants et les jeunes qui migrent en situation irrégulière sont souvent confronté.e.s à des risques importants pour leur protection et sont souvent invisibles dans le cadre du suivi international. Il s’agit notamment des enfants et des jeunes qui se déplacent ou voyagent non accompagné.e.s, sans famille ou sans responsable légal.e, de celles et ceux qui sont sans papiers, sans document approprié, les personnes apatrides, les victimes de la traite des êtres humains ou les personnes en situation de handicap.
- Ainsi, de nombreux enfants et jeunes migrant.e.s ne sont pas resensés ou pris.es en compte, avec très peu de données sur le sexe et l’âge permettant d’effectuer des recoupements avec des paramètres clés, notamment l’éducation.
- Les voyages des enfants et des jeunes migrant.e.s les conduisent souvent des pays en développement vers des économies plus importantes 24, et il.elle.s sont parfois confronté.e.s à des menaces importantes aucours du voyage. Par exemple, la route de la Méditerranée centrale, de l’Afrique du Nord (principalement la Libye) à l’Italie, est actuellement la route migratoire la plus dangereuse et la plus meurtrière au monde, avec le plus grand nombre de décès entre 2014 et 2020.25
Les enfants et les jeunes migrant·e·s rencontrent encore de nombreux obstacles à leur éducation
- Dans une enquête mondiale menée auprès de 4 000 jeunes migrant.e.s âgé.e.s de 14 à 24 ans ayant quitté leur domicile en raison d’une guerre, d’un conflit ou de la violence, 8 sur 10 ont déclaré avoir perdu une ou plusieurs années d’école et 4 sur 10 ont déclaré en avoir perdu quatre ou plus.26
- En raison des lois et des politiques en matière d’immigration et de citoyenneté, les enfants sans papiers ou non accompagnés placés en détention, ainsi que les enfants et les jeunes apatrides ont souvent un accès limité ou inexistant à l’éducation.27
- Les enfants et les jeunes migrant.e.s sont plus susceptibles de quitter l’école prématurément. Dans l’Union européenne, il.elle.s sont deux fois plus susceptibles d’abandonner l’école que les élèves né.e.s dans le pays.28
- Les barrières à la maîtrise de la langue est un inconvénient majeur. En 2012, environ 53 % des étudiant.e.s immigré.e.s de première génération faiblement alphabétisé.e.s dans 23 pays à revenu élevé ont suivi des cours de rattrapage.29
- Les enfants et les jeunes migrant.e.s ont tendance à vivre dans des quartiers plus pauvres offrant l’accès à des écoles de moindre qualité, ce qui contribue à réduire leur niveau d’instruction et de compétences.30
- Comme leurs camarades des pays à revenu faible ou intermédiaire, les enfants en déplacement connaissent également une “crise de l’apprentissage” : jusqu’à 80 % d’entre eux ne parviennent pas à atteindre les niveaux de compétence attendus en matière d’alphabétisation.31
Concepts clés
- Migration : déplacement de personnes hors de leur lieu de résidence habituel, soit à travers une frontière internationale, soit à l’intérieur d’un État.19
- Migrant·e : personne qui se déplace ou s’est déplacée à travers une frontière internationale ou à l’intérieur d’un pays d’origine, que le déplacement soit volontaire ou involontaire et quel que soit son statut juridique ou la durée de son séjour.20
- Migrant·e en situation irrégulière : personne qui se déplace ou s’est déplacée à travers une frontière internationale et qui n’est pas autorisée à entrer ou à rester dans un État selon la loi de cet État et les accords internationaux auxquels cet État est partie.21
*Les membres du Hub mondial de Genève pour l’éducation dans les situations d’urgence ont fait appel à leurs connaissances et à leur expertise pour rédiger ce document. Contactez-nous.
SOURCES
19. International Organisation for Migration (IOM)(2019). Glossary on Migration.
20. UNICEF (2022).
21. IOM (2019).
22. UNICEF (2021b). Child Migration
23. UNICEF (2022).
24. IOM (2022). World Migration Report 2022
25. IOM (2022)
26. UNICEF (2018). A right to be heard: Listening to children and young people on the move.
27. UNESCO (2018).
28. UNESCO (2018).
29. UNESCO (2018).
30. UNESCO (2018).
31. UNICEF (2022).
32. UNESCO (2018).
33. UNICEF (2022).
34. UNICEF (2022).
Sources supplémentaires
- Inter-Agency Network for Education in Emergencies (INEE) (2022). Forced Displacement Collection.
- Inter-Agency Network for Education in Emergencies (INEE) (2022). Refugee Education Collection.
- UNHCR (2021). Global Trends: Forced displacement in 2020.
- UNHCR (2021). UNHCR Education Report 2021: ‘Staying the course’ – The challenges facing refugee education.
- UNHCR, Global Education Cluster and Inter-Agency Network for Education in Emergencies (2020). Education in Emergencies coordination: Harnessing humanitarian and development architecture for Education 2030.
- Education in Emergencies coordination: Harnessing humanitarian and development architecture for Education 2030. UNHCR, the Global Education Cluster, and Inter-Agency Network for Education in Emergencies (2020).
- Education, Children on the move, and Inclusion in Education. UNICEF (2022).