L’éducation dans les situations d’urgence (ESU) constitue un soutien essentiel à l’adaptation au changement climatique et à l’atténuation de ses effets, alors même que l’urgence climatique, qui s’intensifie rapidement, menace le droit des enfants à l’éducation dans le monde entier. Aujourd’hui, près de la moitié des enfants, soit un milliard d’individus, vivent dans des pays qui risquent fortement de subir les conséquences du changement climatique et la plupart d’entre eux sont également confronté·e·s à des contextes fragiles.1 Ces enfants et ces jeunes sont exposé·e·s à de multiples dangers et bouleversements liés au climat, tels que les pénuries d’eau, les vagues de chaleur, les feux de forêt, les tempêtes tropicales, la pollution atmosphérique et les inondations, et sont particulièrement vulnérables en raison des conflits. En outre, les phénomènes météorologiques extrêmes ont entraîné un nombre croissant de déplacements de population ces dix dernières années.2 Il est donc d’autant plus urgent de s’attaquer aux conséquences du changement climatique sur l’éducation, en particulier dans les situations d’urgence.
L’éducation peut contribuer à améliorer l’adaptation des pays aux effets négatifs du changement climatique.3 En éduquant les enfants et les jeunes à risque ou déjà touché·e·s par des crises, l’ESU les aide à développer des compétences qui renforcent leur résilience. L’éducation aux questions environnementales et au changement climatique dans les écoles permet de sensibiliser et de promouvoir un mode de vie plus durable. La formation professionnelle et l’enseignement technique peuvent préparer les jeunes aux emplois verts. Enfin, la planification sensible aux crises et la gestion des risques de catastrophes peuvent accroître la résistance des systèmes éducatifs aux bouleversements climatiques.
Ces derniers comprennent les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les tempêtes tropicales, les feux de forêt et les inondations, qui endommagent ou détruisent souvent les infrastructures scolaires. Les sécheresses peuvent empêcher les enfants et les jeunes d’aller à l’école, tandis que les effets du réchauffement climatique peuvent avoir un impact considérable sur le niveau d’instruction. Les retombées économiques progressives de la crise climatique peuvent contraindre les enfants à abandonner définitivement l’école, les familles ayant du mal à joindre les deux bouts. Par ailleurs, les enfants et les jeunes qui subissent les pires conséquences sont ceux/celles qui sont déjà les plus touché(e)s par les inégalités et la discrimination, notamment les filles, les personnes handicapées et les enfants autochtones.
Ce que nous savons :
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1
Les enfants et les jeunes en situation d’urgence qui sont responsabilisés par l’éducation sont souvent mieux préparé.e.s aux catastrophes et, lorsqu’il.elle.s sont confronté.e.s à des chocs climatiques, il.elle.s sont plus aptes à y répondre et à s’en remettre.
Une éducation inclusive de qualité dans les zones à haut risque climatique et après les catastrophes peut enseigner aux enfants et aux jeunes les compétences nécessaires pour gérer les risques et répondre aux futurs défis climatiques. Grâce à des mesures de réduction des risques de catastrophes (RRC) au niveau de l’école, les enfants et les jeunes peuvent améliorer leur prise de conscience, leur préparation et leur adaptation aux bouleversements climatiques et aux catastrophes.
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2
L’éducation des enfants et des jeunes dans les situations d’urgence peut les aider à échapper aux conséquences les plus graves du changement climatique.
Les enfants et les jeunes des pays et des milieux où les émissions de carbone ne sont pas les plus importantes seront probablement confronté·e·s aux conséquences les plus dramatiques de l’urgence climatique. L’accès à un enseignement inclusif, sûr et de qualité peut leur fournir des connaissances et des compétences qui leur permettront d’améliorer leurs futures possibilités de formation et leurs perspectives économiques, les aidant ainsi à échapper aux conséquences du changement climatique sur leur vie et leurs moyens de subsistance. Il peut également contribuer à une meilleure compréhension de l’injustice climatique.
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3
L’éducation dans les situations d’urgence peut permettre aux enfants et aux jeunes de participer à la recherche de solutions au changement climatique.
L’éducation peut aider les enfants et les jeunes à comprendre et à faire face aux conséquences de la crise climatique, en les dotant des connaissances, des compétences, des valeurs et des comportements nécessaires pour agir en tant que vecteurs de changement. Ils/elles peuvent jouer un rôle crucial dans la sensibilisation et la mobilisation, le développement de solutions et la promotion d’un mode de vie respectueux de l’environnement.
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4
L’autonomisation des enfants, en particulier des filles, par l’éducation peut améliorer l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets.
Une éducation sensible au genre peut transformer les normes sexistes nuisibles qui rendent les filles et les jeunes femmes plus vulnérables à l’urgence climatique et les aider à acquérir les compétences dont elles ont besoin pour s’épanouir. Elle peut favoriser la participation des femmes à l’enseignement supérieur, au travail et à la politique, leur permettant ainsi de relever les défis du changement climatique.
Actions urgentes
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1
Augmenter le financement et l’accès à une éducation de qualité pour les enfants et les jeunes à risque, en particulier les filles.
Contribuer à réduire la vulnérabilité des enfants et des jeunes aux bouleversements climatiques en augmentant le financement de l’éducation. Réduire les inégalités entre les sexes, fournir une ESU de qualité et améliorer la résilience des systèmes éducatifs. Il est essentiel de transformer et d’accélérer la mise en œuvre de l’ESU pour que personne ne soit laissé pour compte.
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2
Accroître la résilience des systèmes éducatifs en améliorant la préparation et l’anticipation grâce à des approches fondées sur les risques multiples.
Cela implique d’investir dans une planification et une programmation multisectorielles, sensibles aux crises et tenant compte des risques dans le domaine de l’éducation. Une telle approche favorise l’action anticipée, en consultation avec les enfants, les enseignant·e·s et les parents eux-mêmes. Elle encourage également la construction d’infrastructures capables de résister aux catastrophes et la mise en place de solutions qui améliorent l’accès, comme les modes d’apprentissage alternatifs. L’équité s’en trouve par ailleurs améliorée.
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3
Intégrer la réduction des risques de catastrophes (RRC) et l’éducation environnementale dans les programmes scolaires afin de relever les défis du changement climatique.
Inclure les connaissances en matière de RRC dans les programmes scolaires et mettre en œuvre des programmes relatifs à la préparation aux catastrophes et à l’atténuation de leurs effets dans les écoles. Les programmes scolaires devraient également améliorer l’apprentissage et les compétences en matière de biodiversité, de protection de l’environnement, de changement climatique et de développement durable.
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4
Soutenir la participation des enfants et des jeunes aux processus de prise de décision en matière de politique climatique.
En reconnaissant que les enfants et les jeunes sont des acteur·trice·s à part entière de la lutte contre l’urgence climatique, et en utilisant l’éducation comme plateforme, la politique climatique devrait impliquer les jeunes dans toutes les négociations et décisions locales, nationales, régionales et internationales sur le climat.
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5
Renforcer la collaboration en matière de connaissances, de coordination et de programmation entre les secteurs et les pays.
Les cloisonnements entre les secteurs et les pays doivent être éliminés pour mieux relever les défis climatiques. Une collaboration nouvelle et plus significative entre l’ESU et les partenaires peut faire office de moteur pour trouver des solutions au changement climatique, y compris la lutte contre l’injustice climatique. La première étape pourrait être de fournir un effort collectif pour identifier, compiler et partager les connaissances sur l’ESU et l’urgence climatique.
Les faits
Le risque climatique complique la vie, l’apprentissage et l’épanouissement des enfants
Le rapport Born into a Climate Crisis de Save the Children révèle que les enfants nés aujourd’hui subissent davantage de phénomènes météorologiques extrêmes que leurs grands-parents.4
- Par rapport à une personne née en 1960, un enfant né en 2020 connaîtra en moyenne 2fois plus d’incendies de forêt, 2,8 fois plus de mauvaises récoltes, 2,6 fois plus de sécheresses, 2,8 fois plus d’inondations fluviales et 6,8 fois plus de vagues de chaleur au cours de sa vie.
L’indice des risques climatiques pour les enfants de l’UNICEF indique que les enfants vivant dans des contextes fragiles sont plus susceptibles d’être affecté·e·s par l’urgence climatique5.
- 1 milliard d’enfants – près de la moitié des enfants du monde – vivent dans des pays où le risque d’exposition et de vulnérabilité aux effets du changement climatique est extrêmement élevé.
- 29 des 33 pays à risque extrêmement élevé sont également des contextes fragiles.
Un quart des pays à très haut risque (8 sur 33) ont plus de 5 % de leur population déplacée.
Les dangers et les bouleversements climatiques entravent l’apprentissage et l’épanouissement des enfants
- En 2020, sur les 30,1 millions de nouveaux déplacements internes liés aux conditions météorologiques, 9,8 millions étaient des enfants.6
- Chaque année, e75 millions d’enfants et de jeunes voient leur éducation perturbée par la crise climatique.7
- D’ici 2025, 12,5 millions de filles dans les pays à revenu faible et moyen inférieur pourraient chaque année être empêchées d’achever leur éducation en raison d’événements liés au climat.8
Autres lectures
United Nations Office for Disaster Risk Reduction (UNDRR) and Global Alliance for Disaster Risk Reduction and Resilience in the Education Sector (2017)
Comprehensive School SafetyUNICEF (2019)
Risk-informed Education Programming for Resilience*Les membres du Hub mondial de Genève pour l’éducation dans les situations d’urgence ont fait appel à leurs connaissances et à leur expertise pour rédiger ce document. Contactez-nous.
SOURCES
- UNICEF (2021). The Climate Crisis Is a Child Rights Crisis: Introducing the Children’s Climate Risk Index.
- IDMC (2020) Understanding the climate change-displacement-education nexus for building resilient and equitable education systems
- Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC) (2021). Global Report on Internal Displacement 2021
- Save the Children (2021a). Born into the Climate Crisis: Why we must act now to secure children’s rights.
- UNICEF (2021). The Climate Crisis Is a Child Rights Crisis.
- Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC) (2021). Global Report on Internal Displacement 2021
- Theirworld (2018). Safe School: The Hidden Crisis – A framework for action to deliver Safe, Non-violent, Inclusive and Effective Learning Environments
- Malala Fund (2021). A greener, fairer future: Why leaders need to invest in climate and girls’ education
Sources supplémentaires
- Christina Kwauk and Amanda Braga. Brookings (2017). 3 ways to link girls’ education actors to climate action (Blog)
- Inter-Agency Network for Education in Emergencies (INEE) (2022). Disaster Risk Reduction Collection
- Save the Children (2021b). Build Forward Better: How the Global Community must act now to secure children’s learning in crises.
- Save the Children (2021c). Walking into the Eye of the Storm: How the climate crisis is driving child migration and displacement
- UNICEF UK (2021). Futures at Risk: Protecting the Rights of Children on the Move in a Changing Climate.
- UNICEF (2019). It is getting hot: Call for education systems to respond to the climate crisis.