Les crises auxquelles notre monde est confronté sont complexes et en constante évolution. Les conflits, les risques naturels, le changement climatique, ainsi que les pandémies et les épidémies peuvent avoir de graves conséquences sur le développement économique et social des pays touchés et menacer l’avenir d’une génération d’apprenant.e.s. Les effets sur l’éducation comprennent la destruction des infrastructures scolaires, l’utilisation des écoles comme abris temporaires, une réduction du nombre d’enseignant.e.s, une diminution du bien-être des enseignant.e.s et des apprenant.e.s, une augmentation des disparités entre les sexes et d’autres formes d’iniquité, ainsi qu’un dysfonctionnement général du système. En outre, de plus en plus de pays, en particulier lors de crises prolongées, sont confrontés à des risques mutiples. En outre, on estime que 128 millions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire ou secondaire ne sont pas scolarisés dans les pays touchés par une crise[i]. Les effets néfastes des crises sur les systèmes éducatifs et les enfants en âge de fréquenter l’école ne peuvent être sous-estimés et la planification de l’éducation dans un contexte de crise est donc essentielle pour assurer la continuité de l’éducation et renforcer la résilience des systèmes éducatifs, du personnels éducatif et des apprenant.e.s.

Ces dernières années, la planification de l’éducation adaptée aux crises est devenue une priorité pour les autorités éducatives de nombreux pays touchés par des crises. La planification de l’éducation adaptée aux crises implique l’identification et l’analyse des risques pour l’éducation posés par les conflits, les risques naturels, le changement climatique et les épidémies, entre autres[ii]. Cela signifie qu’il faut comprendre l’impact de ces risques sur les systèmes éducatifs afin de s’assurer que les systèmes éducatifs peuvent mieux prévenir, se préparer, répondre et se remettre des crises, et finalement assurer la continuité de l’éducation. L’objectif est de réduire l’impact négatif des risques sur la prestation de services éducatifs tout en favorisant le développement de politiques et de programmes éducatifs qui aideront à prévenir les crises futures.

La planification de l’éducation adaptée aux crises implique également l’analyse des capacités et des ressources existantes pour la réduction des risques et la réponse à l’urgence dans le secteur de l’éducation, y compris les capacités des enseignant.e.s, des chef.fe.s d’établissement et du reste du personnel de l’éducation, ainsi que des parties prenantes de l’éducation aux niveaux central et sous-national. Pour réduire les risques de conflit et de violence, la planification de l’éducation sensible aux crises nécessite également d’identifier et de surmonter les modèles d’inégalité et d’exclusion dans l’éducation. Cela est d’autant plus important que ces risques peuvent avoir des conséquences à plus long terme sur les populations les plus vulnérables et marginalisées, exacerbant les disparités déjà existantes au sein du système éducatif. La pandémie de COVID-19 a souligné la nécessité d’investissements plus importants dans la prévention et la préparation à tous les types de crises dans le secteur de l’éducation[iii]. Le défi aujourd’hui est d’éviter ce que l’Organisation mondiale de la santé a appelé un cycle de “panique puis oubli” une fois la crise maîtrisée[iv]. L’adoption d’une planification adaptée aux crises et de stratégies de réduction des risques a donc été reconnue par les gouvernements et les partenaires humanitaires et de développement comme un élément clé pour sauvegarder l’éducation et l’apprentissage des enfants et des jeunes en temps de crise. Cela aidera également les pays à atteindre l’objectif 4 des ODD, à savoir “assurer une éducation inclusive et équitable de qualité et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous”.

Ce que nous savons :

Actions urgentes

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Ce que nous savons :

Des millions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire et secondaire ne sont toujours pas scolarisés dans les pays touchés par la crise

L’accès à une éducation de qualité pour les enfants déplacés reste limité

Les crises affectent de manière disproportionnée les filles et les femmes, les privant de leur droit à l’éducation.

Une planification adaptée à la crise peut protéger les investissements et assurer la continuité de l’éducation.


Définitions

Conflit : se réfère aux conflits armés ou aux guerres déclarées ainsi qu’à d’autres événements d’insécurité tels que les affrontements intercommunautaires, etc.

Catastrophe : perturbation grave du fonctionnement d’une communauté ou d’une société, à quelque échelle que ce soit, due à des événements dangereux interagissant avec des conditions d’exposition, de vulnérabilité et de capacité, entraînant un ou plusieurs des éléments suivants : pertes humaines, matérielles, économiques et environnementales, et impacts.

Danger : processus, phénomène ou activité humaine susceptible de provoquer des pertes de vies humaines, des blessures ou d’autres effets sur la santé, des dommages matériels, des perturbations sociales et économiques ou une dégradation de l’environnement. S’il est identifié et traité dans le cadre d’une bonne planification, un danger peut ne pas conduire à une catastrophe ou à d’autres perturbations préjudiciables.

La réduction des risques de conflit et de catastrophe (RRCD) : est définie comme le concept et la pratique de la réduction des risques de conflit et de catastrophe par des efforts systématiques d’analyse et de gestion des facteurs de causalité des catastrophes, notamment par la réduction de l’exposition aux dangers, la diminution de la vulnérabilité des personnes et des biens, la gestion judicieuse des terres et de l’environnement et l’amélioration de la préparation aux événements défavorables. La RRC comprend des mesures de prévention et d’atténuation ainsi que des activités de réponse[v].

Préparation : activités mises en place pour anticiper, réagir et se remettre efficacement des effets des dangers.

Prévention: activités entreprises pour éviter les effets néfastes des catastrophes, notamment par la réduction des risques physiques et la protection de l’environnement. Ce concept comprend l’atténuation.

Résilience : peut être définie comme la capacité des systèmes éducatifs et des apprenant.e.s à résister, à s’adapter et à se remettre des chocs et des stress de manière à promouvoir la sécurité et la cohésion sociale. La résilience est également la capacité du système éducatif à continuer à fonctionner en cas de crise ou à redémarrer relativement rapidement après une situation d’urgence.

*Les membres du Hub Mondial de Genève pour l’éducation dans les situations d’urgence ont contribué à ce document par leurs connaissances et leur expertise.


SOURCES

[i] GPE. Education in Crisis Situations.

[ii] IIEP. Crisis-sensitive educational planning.

[iii] IIEP (2022) COVID-19 Educational Disruption and Response

[iv] IIEP (2022) Leadership: Strong Ministries of Education at the Heart of resilience

[v] UNISDR (2009) UNISDR Terminology on Disaster Risk Reduction

[vi] Plan International (2019) Let Out, Left Behind: Adolescent girls’ secondary education in crises.

[vii] UNESCO (2015) Global Education Monitoring Report

[viii] ECW. Facts

[ix] UNHCR. Refugee Data Finder

[x] UNHCR. Refugee Data Finder

[xi] UNHCR. Refugee Data Finder

[xii] UNHCR (2021) Mid-Year Trends 2021

[xiii] UNHCR (2021) Staying the Course: The challenges facing refugee education

[xiv] World Bank. Girls’ Education

[xv] World Bank. Girls’ Education

[xvi] World Bank. Girls’ Education

[xvii] ODI, UNDP (2015) Finance for reducing disaster risk.

[xviii] UNDRR. Funding

[xix] IIEP. Planipolis.

[xx] World Bank. (1999) Doing well out of war (Paul Collier)

[xxi] GPE (2020) Supporting countries affected by fragility and conflict.

[xxii] GPE (2020) Supporting countries affected by fragility and conflict.

[xxiii] IIEP (2020) Effective leadership in crisis: What it takes for ministries of education