L’éducation dans les situations d’urgence mis en avant au premier Forum humanitaire européen

Le Hub mondial de Genève pour l’éducation dans les situations d’urgence présente la perspective de trois crises humanitaires à un forum politique de haut niveau

Genève, 21 mars 2022 – Le Hub mondial de Genève pour l’éducation dans les situations d’urgence a organisé un débat humanitaire en ligne dans le cadre du tout premier Forum humanitaire européen, qui s’est tenu à Bruxelles du 21 au 23 mars.

L’ambassadeur Felix Baumann, représentant permanent adjoint de la mission permanente de la Suisse auprès de l’ONU, a ouvert l’événement en appelant à un plus grand engagement en faveur de l’éducation dans les situations d’urgence, “qui reste une partie insuffisamment prise en compte et financée de la réponse humanitaire”. Il a réitéré l’engagement de la Suisse à relever ce défi.

L’événement a été l’occasion d’entendre plusieurs professionnel·le·s de l’humanitaire sur le terrain, dont une en Roumanie qui aide à gérer l’afflux d’arrivées d’Ukrainiens dans l’Union européenne, un autre au Venezuela, et une troisième au Sud-Soudan. Une quatrième intervenante de Porticus a donné le point de vue d’une organisation donatrice.

Les interventant·e·s ont mis en avant la manière dont l’éducation et la protection de l’enfance vont de pair pour aider les enfants et les jeunes à risque à faire face aux menaces des conflits et autres situations d’urgence. Les enfants déplacés et ceux qui sont pris dans une crise sont confrontés à une multitude de défis liés, entre autres, à la santé mentale, au mariage des enfants, au travail forcé pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, et au recrutement dans des groupes armés ou des gangs.

“Les acteur·trice·s de la protection de l’enfance et de l’éducation travaillent dans les mêmes communautés, répondant à des défis interdépendants et liés”, a déclaré Dieuwerke Luiten, Global Grant Manager chez Porticus. “Les réponses de l’ESU ne peuvent ignorer la protection et le bien-être des enfants, tandis que les espaces de protection et de bien-être des enfants ne peuvent ignorer l’apprentissage. En réunissant les secteurs, nous pouvons répondre aux besoins holistiques des enfants et promouvoir leur bien-être. “

“L’éducation ne peut pas fonctionner dans son coin”, a déclaré Lucy Mbarago, responsable de terrain à Yambio, UNICEF Sud-Soudan. “Les écoles doivent travailler avec les structures de leadership traditionnelles, les groupes religieux et les groupes de mères pour mettre en place des systèmes d’apprentissage et de protection de l’enfance durables.”

Mariana Arnautu, experte principale des programmes d’éducation et de protection de l’enfance chez World Vision International, a souligné l’importance de prendre en compte les enfants ayant des besoins spéciaux dans des crises telles que celle qui frappe actuellement l’Ukraine et les pays voisins : “Il est important que les écoles soient soutenues par du personnel et des ressources supplémentaires pour permettre l’intégration – y compris des professionnel·le·s qui peuvent répondre aux besoins spécifiques des enfants réfugiés ou déplacés. Les enseignant·e·s ne peuvent pas être à la fois des travailleur·euse·s sociaux·ales, des psychiatres, etc. Ils ont besoin du soutien de professionnel·le·s dans ces domaines.”

Henry Renna Gallano, coordinateur du Cluster Education au Venezuela, a insisté sur la nécessité d’une large collaboration : “Cela peut paraître évident, mais les clusters (de l’éducation, de la protection de l’enfance, de la santé, etc.) ne sont que nos structures – la crise elle-même ne se divise pas en clusters. Nous devons aller au-delà de la pensée sectorielle et nous organiser à travers tous les secteurs pour fournir un ensemble de services communs pour la santé mentale, la SMSPS, l’éducation et la protection de l’enfance.”

Plusieurs intervenant·e·s ont également souligné l’urgence de promouvoir activement une collaboration plus constructive entre les différents secteurs de la réponse humanitaire, notamment parce que le manque de coordination peut conduire à ce que différentes priorités se retrouvent en concurrence les unes avec les autres, mettant en péril l’efficacité globale des interventions.

Mark Chapple, chef de l’éducation au CICR, a clôturé l’événement en soulignant que : “la protection des enfants et de leur éducation lors d’un conflit commence par leur mise en protection physique contre les attaques. Là où le CICR travaille, nous nous engageons auprès de toutes les parties impliquées dans un conflit pour leur rappeler leurs obligations.”