Lier la santé et l’éducation dans l’action humanitaire pour prévenir et répondre à la violence contre les enfants

Les écoles offrent un cadre unique pour les initiatives de prévention de la violence. Pourtant, on estime que 246 millions de filles et de garçons dans le monde continuent de subir une forme de violence à l’école et dans ses environs. Avec la pandémie mondiale de COVID-19, de nombreuses initiatives de prévention de la violence dans les écoles et les services de santé scolaire (SHS) ont été interrompues. Alors que les enfants commencent à retourner à l’école, il est nécessaire de déployer davantage d’efforts pour créer des environnements d’apprentissage plus sûrs et plus sains où toutes les filles et tous les garçons peuvent apprendre et s’épanouir. En outre, les écoles dans les situations d’urgence sont confrontées à des difficultés supplémentaires pour fournir des environnements d’apprentissage sûrs et des services de santé scolaire pour les filles et les garçons.

Le 11 avril, le Hub mondial de Genève pour l’éducation dans les situations d’urgence (Hub ESU), l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’initiative mondiale “Safe to Learn” et la Fondation Aga Khan ont organisé un séminaire en ligne afin de réfléchir au rôle du secteur de la santé dans la prévention et la réponse à la violence contre les enfants, et de promouvoir le dialogue et le partage des connaissances entre les secteurs de l’éducation, de la santé et des urgences. Plus de 500 participant·e·s se sont inscrit·e·s à l’événement. La réunion a montré comment des initiatives et des organisations similaires peuvent coopérer pour mettre en place une réponse multisectorielle à la violence contre les enfants, de manière concrète et efficace.

Depuis plus de deux décennies, l’OMS joue un rôle primordial dans la prévention de la violence et la prestation de services de santé à tous les enfants dans les écoles. Elle mène des initiatives importantes telles que la réalisation de l’enquête sur la santé des élèves en milieu scolaire (GSHS) partout dans le monde et la promotion de la santé dans chaque école.

“Il existe différentes raisons qui expliquent pourquoi les écoles jouent un rôle si important dans la prévention de la violence. Tout d’abord, la participation à des activités organisées et la création d’un environnement scolaire sûr et favorable est essentielle”, a déclaré Sabine Rakotomalala, responsable technique de l’unité de prévention de la violence du département des déterminants sociaux de la santé (SDH) de l’Organisation mondiale de la santé. “Ensuite, les écoles sont un très bon endroit pour mettre en œuvre des activités visant à prévenir la violence contre les enfants. Et enfin, les écoles peuvent jouer un rôle clé dans la remise en cause des normes sociales néfastes.”

Selon Valentina Baltag, responsable de la santé des adolescent·e·s à l’OMS : “Aucun système éducatif ne peut prospérer s’il ne favorise pas la santé et le bien-être des élèves”, a-t-elle déclaré. “Mais lorsqu’on examine les besoins les plus urgents, il y a un écart entre l’ampleur des problèmes et ce que les services proposent pour y remédier.”

Cela peut être dû à l’indisponibilité et à la sous-utilisation des données centrées sur l’enfant.

“La collecte de données auprès des enfants peut être réalisée de manière assez peu coûteuse en utilisant le milieu scolaire “, a déclaré Lubna Bhatti, responsable technique de l’OMS pour les enquêtes sur les maladies non transmissibles en population. “L’OMS recueille depuis près de vingt ans des données d’excellente qualité sur les facteurs de risque, dont la violence, auprès des jeunes dans le cadre de l’enquête GSHS, en utilisant des questions et une méthodologie normalisées. Cependant, la collecte de données dépend de l’ouverture des écoles. Nous avons été confrontés à certains défis dans des pays en proie à des conflits et, plus récemment, pendant la pandémie de COVID-19. Partout, les groupes marginalisés ont moins de chances d’être scolarisés.”

La responsable mondiale de l’éducation et du développement du jeune enfant de la Fondation Aga Khan, Nafisa Shekhova, est d’accord et souligne le rôle clé du leadership local. “Si nous nous demandons pourquoi les filles ne vont pas à l’école, il est important de comprendre ce qui se passe dans la communauté. La consultation de la communauté est nécessaire. Le leadership communautaire doit être présent. Dans de nombreux endroits, c’est l’adhésion des dirigeant·e·s de la communauté – y compris les dirigeant·e·s religieux·ses – qui permet de faire bouger les choses. Mais ce qui fonctionne dans un endroit ne fonctionnera pas nécessairement dans un autre. Il est essentiel d’utiliser des approches flexibles qui vous permettent d’évaluer les défis particuliers et d’y répondre.”

Nous devons continuer à intégrer les interventions en matière de santé et d’éducation, notamment dans les situations de crise, de déplacement et d’action anticipée.

“Lier le programme d’apprentissage, la santé et la prévention de la violence n’est pas un bonus”, a déclaré Chloë Fèvre, directrice de l’initiative mondiale “Safe to Learn”. “Il fait partie des efforts essentiels pour permettre aux enfants d’apprendre et de se développer. C’est le message que nous essayons de faire passer auprès du secteur de l’éducation dans le monde entier.”


Lectures complémentaires :